Réforme du gouvernement et gouvernance mondiale
« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »
Pierre Mendès France, le 18 janvier 1957, à l’Assemblée nationale.
Nicolas Sarkozy préside actuellement le G20 et Dominique Strauss-Kahn est directeur du Fond monétaire international le
FMI). La politique que prétendent mener ces 2 oligarques présidentiables est dangereusement identique.
Une politique de rigueur
Président du G.20, Sarkozy fanfaronne. Moralisation de l’économie, appel à une Gouvernance mondiale…
Décryptons : La « moralisation » de l’économie consiste à encourager les golden boys et les administrateurs de Hedge Funds. C’est celle du demi frère de N. Sarkozy, Olivier Sarkozy, qui copilote depuis 2008 le groupe Carlyle, premier gestionnaire mondial de portefeuilles boursiers. C’est d’ailleurs par l’intermédiaire d’Olivier que Nicolas a rencontré G.W Bush alors qu’il n’était que ministre de l’intérieur, et fut ainsi intronisé futur dirigeant pour la mise en place d’une politique dite de « gouvernance mondiale ». La gouvernance mondiale? Elle se compose d’experts au service des intérêts économiques : banques et assurances, complexe militaro-industriel, transnationales agro-alimentaires etc. Elle dispose comme paravent légitime de l’Organisation Mondiale du Commerce, du FMI, de la banque mondiale, de l’ OCDE…
Depuis le début des années 90, le FMI plaide ad nauseum pour la diminution des salaires et le recul de l’âge de la retraite. La politique de N.Sarkozy s’apparente en tous points aux mesures dictées par le FMI aux pays endettés du tiers monde, à travers les Plans d’Ajustement Structurel. Pour rembourser la dette, la conditionalité des PAS impose de privilégier les exportations au détriment de l’économie locale, geler les salaires, réduire drastiquement le nombre des fonctionnaires et les dépenses sociales. Une politique que Dominique Strauss-Kahn se glorifie de diriger. La gouvernance mondiale, c’est une armée de technocrates et d’experts non élus, de lobbyistes de Cercles privés et de fondations , de clubs de rencontre type Davos, au service des banques, des investisseurs… Autrement dit une oligarchie dévouée au Capital.
Londres première place financière mondiale. Bravo, l’industrie anglaise aux trois quarts détruite! Un État totalement endetté, donc… budget de rigueur pour ce pays ! Un seul exemple probant pour illustrer comment se traduit la rigueur budgétaire : la Grande Bretagne vient d’annoncer un plan de licenciement de 500.000 fonctionnaires. Au nom de la Dette…
Pour le gouvernement Fillon, la dette publique est l’ennemi à abattre et pour ce faire, il faut « mobiliser », comme autrefois en temps de guerre on enrôlait les conscrits sous les drapeaux .
D’où vient la dette publique?
D’une économie virtuelle mondialisée, aussi suicidaire que l’arnaque montée par le financier B. Madoff, actuellement sous les verrous, mais aussi d’un budget militaire colossal, de dépenses improductives, de cadeaux aux copains du Fouquet’s….
Comme toutes les banques centrales depuis le début de la crise, la Banque Centrale Européenne a joué un rôle déterminant pour « sauver » le système financier. Progressivement, elle en est venue à peser de tout son poids : faire porter aux États le poids de la crise. La BCE gère la politique monétaire. Et dettes publique et privées sont aujourd’hui totalement imbriquées. C’est donc aux populations qu’on présente l’ardoise. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, une crise économique tout aussi cataclysmique que celle des années 30, mondialisée, s’abat sur les économies européennes.
Donc Nicolas Sarkozy affirme son intention de travailler « main dans la main avec le Fonds monétaire international . Il reçoit pour cela en décembre le directeur général du FMI. Il est vrai que des deux hommes ont des conceptions politiques semblables : faire triompher le libre commerce, la libre finance.
La France appartient à l’Euroland, anglicisme désignant les 16 pays utilisant une monnaie unique. Or, les pays de la zone euro connaissent chacun des taux d’endettement variables, ce qui engendre deux effets aux conséquences incalculables pour les habitants du vieux continent.
D’une part, le taux des remboursements de chaque pays est différent, d’autre part, face au dollar chacun de ces 16 pays, aura avantage soit à un Euro fort soit à un Euro faible. Les pays de la zone Euro sont objectivement rivaux et doivent cependant parler d’une seule voix dans les négociations monétaires. Le théâtre des opérations de cette guerre des monnaies ne se déplace pas à Séoul ou à Paris selon le calendrier du G 20 et des Chefs d’Etats. Le cœur du conflit se situe à Wall Street, à Shangai, à Londres, Tokyo, Hong-Kong, et autres places boursières.
Les produits financiers sont tellement plus rentables que les investissements dans les biens matériels ou culturels, qu’ils aspirent des fortunes, dans une économie virtuelle, avec des gains parfois réels pour les seuls opérateurs et les grosses fortunes, et des pertes récurrentes pour le monde du travail.
Dans cette économie de casino, la France, comme la quasi totalité des pays européens est saignée. La guerre des monnaies se traduit par des ordres d’achats et de ventes effectués en millisecondes. Nicolas Sarkozy peut débiter toute les âneries qui lui traversent l’esprit, effets de manches à l’appui, ses pompeux discours ne sont que bourdonnement de mouches aux oreilles de la FED – Banque Centrale US – et de la Banque Centrale Chinoise tout comme à celles des places financières.
Depuis la signature du Traité de Maastricht, les pays d’Europe ne sont plus libres de leur politique monétaire. Avec le Traité Constitutionnel Européen (traité de Lisbonne), que les Français ont majoritairement rejeté, (mais depuis quand les pouvoirs oligarchiques se soucient-ils de démocratie?), nous devons nous plier toujours plus au bon vouloir de la Banque Centrale Européenne. On assiste à un constant bras de fer entre les banques privées, les banques Centrales des différents pays d’Europe, parmi lesquelles un poids lourd, la Deutsche Bank s’octroie une voix prépondérante, et la BCE. Les femmes et hommes politiques sont dans ce jeu de plus en plus spectateurs. Ce n’est ni Sarkozy ni Merckel qui donnent les taux directeurs de la BCE, mais M. Trichet, son directeur.
Les gouvernements dits sociaux-démocrates européens se sont déjà amputés des moyens de conduire toute politique monétaire et en conséquence toute politique sociale…
Chacun connait l’expression « l’argent est le nerf de la guerre ». En abdiquant toute possibilité de créer de manière autonome leur propre monnaie, les pays de la zone euro se sont engagés dans un processus d’endettement endémique. En France, les intérêts de la dette atteignent quasiment le montant du budget de l’Éducation Nationale. Aujourd’hui 80% des lois et réglementations s’établissent à Bruxelles, courroie de transmission de la gouvernance mondiale. Ainsi les services publics sont démantelés.
A Séoul, au G 20, Madame A. Merkel, a prononcé cette phrase qui sans être un scoop a le mérite de la clarté « Je demande aux marchés de penser parfois aussi un peu aux politiciens. Il n’est pas possible d’expliquer constamment à nos électeurs que le contribuable doit régler l’ardoise de certains risques, plutôt que ceux qui gagnent des fortunes pour avoir pris ces risques ».
Quand Sarkozy veut se lancer dans une « réforme » de la gouvernance mondiale, le pire est à craindre.
Un chômage de masse, la liquidation de nos régimes sociaux, le développement de la pauvreté.
Combien de temps encore accepterons nous aveuglément une propagande qui impose toujours plus de rigueur à un pays qui comporte 2,8 millions de millionnaires, qui dispose de richesses colossales ? Et qui n’en compte pas moins de près de 5 millions de Français au chômage ?
Dans les services publics le roi Ubu triomphe. Et les suicides sur le lieu du travail deviennent un fait de société… jusqu’aux chefs d’établissement scolaires qui touchent des primes proportionnelles à la suppression de postes… Et le chômage, variable d’ajustement structurel, vide les caisses de nos retraites.
Pourtant, les entreprises transnationales affichent des bénéfices pharaoniques et des rémunérations insolentes pour leurs PDG. Tandis que la caste des ultra-riches se vautre dans un luxe digne de l’Empire Romain, les médias officiels veulent nous faire croire au fatalisme de la rigueur. Ces mêmes médias font la part belle aux barons d’industrie que sont les F.Riboud (Danone), B. Arnaud (LVMH), C Viehbacher (Sanofi-Aventis), J.P.Agon (Loreal), H. de Castries (Axa)….qui viennent nous expliquer que l’on doit se serrer la ceinture, que la crise est mondiale et que les efforts doivent être partagés par tous !! Ceci alors que leurs revenus annuels sont largement supérieurs à 10.000 fois le SMIC. Bien sûr, les empires de la finance et les empires médiatiques sont tenus par les mêmes mains, et ceci explique cela.
Nos acquis sociaux, ont été mis en place au sortir de la guerre, alors que toute l’Europe était ruinée. Il a été possible alors, de financer la protection sociale. Pourtant, le rapport entre actifs et inactifs était bien plus défavorable qu’aujourd’hui.
La France ne peut plus créer d’argent pour elle même. Seules les banques privées, hedge-funds et autres opérateurs financiers, par l’intermédiaire d’émission d’emprunts et la création de titres en ont la faculté. C’est ainsi que par leur travail, les populations remboursent une dette abyssale et que nous subissons la démolition de notre pacte social.
La fin d’un monde
L’OCDE, La BCE, Le FMI, La commission de Bruxelles, et le gouvernement pèsent de tous leur poids : socialiser les pertes, privatiser les profits.
Après les retraites, c’est la Sécurité Sociale qui doit être démantelée. Que dit le rapport de la Commission des affaires sociales, rapport d’information parlementaire, présenté par la députée Valérie Rosso Debord fin 2010? «Rendre obligatoire dès l’âge de cinquante ans, la souscription d’une assurance perte d’autonomie liée à l’âge et assurer son universalité progressive par la mutualisation des cotisations et la création d’un fonds de garantie. Maintenir à titre transitoire une prise en charge publique».
Le « plan dépendance », nouveau grand chantier de Sarkozy, constitue le cheval de Troie qui permettra de liquider le modèle social français. Le pseudo dialogue avec les partenaires sociaux, comme pour la nouvelle loi retraites n’a pas d’autre but que de manipuler l’opinion. Les« marchés » pourront spéculer avec les milliards supplémentaires dont ils seront gestionnaires et continuer le pillage de l’économie réelle. Voilà ce qu’il faut comprendre dans les termes de « Gouvernance Mondiale » et modernisation de l’économie.
L’harmonisation économique préconisée à la fois par DSK et Sarkozy n’est que régression sociale.
Politique conçue par des financiers pour des financiers, à leur seul profit .