Les crapules et les ayatollahs

Le mot « ayatollah » est un repoussoir pratique car il autorise toutes les crapuleries. Il suffit de le brandir devant des occidentaux apeurés pour qu’ils ferment les yeux devant les activités douteuses de ceux qu’ils croient être des remparts contre leurs peurs ancestrales.
Source : Atoute.org Forums d’échanges médicaux – Ethique de l’information médicale – Enseignement et déontologie médicale article du 5 février 2011, par Dr Dominique Dupagne
http://www.atoute.org/n/article186.htm

En Tunisie, le bon président Zine el-Abidine Ben Ali a pu piller son pays pendant 30 ans avec le soutien des principales démocraties occidentales. Comment ? Tout simplement en se présentant comme le rempart contre l’intégrisme religieux. Notamment les ayatollahs qui ont plongé l’Iran dans l’obscurantisme. Chaque fois que les droits de l’homme étaient bafoués ou que le racket organisé par son clan était trop visible, il lui suffisait de brandir la pancarte « Attention ! Ayatollahs en vue ! » pour que les USA ou la France ravalent leurs critiques.
Ben Ali enfui, tout le monde feint de découvrir l’horreur de son régime. Nos diplomates poussent des cris de vierges effarouchées devant une situation « inimaginable », alors que certains y passaient leurs vacances. À quelles revues politique ces diplomates étaient-ils donc abonnés ?
La révolution iranienne a tellement traumatisé nos démocraties que l’on en vient à oublier son origine : une autre crapule, de la classe de Ben Ali, le Shah d’Iran. Il fut le jouet des grandes nations occidentales et un rempart présumé face aux religieux. On sait ce qu’il est advenu une fois le rempart démoli par le peuple iranien.
La peur des ayatollahs est ancrée à un tel point dans nos esprits (depuis les croisades ?) que nous en sommes arrivés à soutenir l’annulation des élections algériennes, gagnées par le FIS (donc des ayatollahs…). Pas mal pour une démocratie comme la nôtre…
Mohammed Hosni Moubarak est un autre triste sire qui dirige l’Egypte d’une main de fer depuis 30 ans. Comment a-t-il pu se maintenir si longtemps ? En se présentant lui aussi comme un rempart contre les « ayatollahs ». Il a ainsi obtenu un fort soutien USA. Nul doute qu’après son départ, nos diplomates vont découvrir avec surprise « l’inimaginable » système Moubarak.
Mais quel rapport avec la santé ?
Jacques Servier a dirigé d’une main de fer un grand laboratoire pharmaceutique français pendant plus de 50 ans. Une dictature de fait avec tout ce que cela représente comme contrôle de l’information, police secrète, pressions diverses, menaces contre les lanceurs d’alertes, prévarication, influences à tous les niveaux du pouvoir. Après son départ, ce que l’on va découvrir va encore effrayer beaucoup de (fausses) vierges. Pourtant, tout cela était écrit depuis longtemps.
Or, ceux qui alertaient contre cette dictature de la médiocrité étaient eux aussi traités régulièrement d’ayatollahs.
Comme il était malvenant de critiquer ce brillant homme, fleuron de la pharmacie française, gloire de notre industrie. Ces ayatollahs qui menaçaient le Grand-Croix de la Légion d’Honneur et ami personnel du Président constituaient une menace pour la recherche, pour l’emploi, pour l’image de la France.

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