Résistance – BIG BROTHER AWARDS
Rappel
« Quand l’atmosphère générale est mauvaise, le langage ne saurait rester indemne.» George Orwell, 1946.
Créé en 2004, le prix « Novlang » est décerné aux opérations de propagande politique, commerciale, publicitaire, médiatique ou autres ayant pour objet, ou pour effet, d’attenter au droit à la vie privée, d’appeler à moins de libertés, de banaliser la société de surveillance, par leur manipulation du discours sécuritaire, leur stigmatisation de « menaces » opportunistes ou toute autre instrumentalisation du débat public.
http://bigbrotherawards.eu.org/spip.php?page=liste-bba&annee=2010
Catégorie: Orwell Entreprise (Entreprises, organismes et institutions privés.)
Peuvent être nominées toutes les entreprises et institutions du secteur privé qui, par profit ou simple négligence, méprisent ou violent la sphère privée de leurs employés, de leurs clients.
I&E Consultants et la Commission du débat public
Le Cabinet I&E et la CNDP dans le cadre de la campagne d’acceptation des nanotechnologies, qui n’ont pas hésité à constituer une liste de photos des opposants, pour mieux les refouler des lieux de débats.
Pour leur expérimentation d’un nouvel identifiant biométrique aussi inutile que potentiellement nuisible pour la vie privée.
Pour avoir fourni aux autorités birmanes des équipements permettant de surveiller en masse les communications téléphoniques et internet des citoyens et de repérer les dissidents. Le tout en se dédouanant de toute responsabilité en tant que simple « fournisseur ».
Pour intrusion agressive dans la vie privée de leurs clients
Cegedim et la Confédération des syndicats de médecins (CSMF)
Pour leur volonté conjointe de développer le « Dossier médical professionnel » (DMPro), qui manipule des données très personnelles. Cegedim est une multinationale qui tire ses (gros) profits du commerce des données de santé. La CSMF est la principale corporation de médecins en France, et semble se féliciter de l’extension du fichage de ses clients
Pour « géoflicage » obligatoire de ses salariés aux fins d’augmenter leur rendement. Les employés ont déposé un recours devant la CNIL pour atteinte à la vie privée
GAGNANT 2010 BNP Paribas, la Banque Postale, LCL et la Société générale
… comme tous les autres établissements bancaires qui acceptent de couvrir leurs employés qui dénoncent aux services de la Préfecture des clients sans papiers venus à leur guichet.
Bio Rafale, de la société Vesalis
Le ministère de l’Intérieur a proposé à cette start-up de développer son logiciel de « maquillage virtuel » afin de pouvoir identifier, en temps réel, dans la foule et au moyen de caméras de vidéosurveillance, les hooligans, terroristes, criminels et autres délinquants.
La RATP et ses caméras clandestines
Pour ne pas informer correctement les usagers sur la présence et l’usage des caméras embarquées dans des rames de métro (jusqu’à 60 par rame) et de tramways
Pour la vision très personnelle du droit à la vie privée de son PDG Eric Schmidt, et pour ses pratiques très peu respectueuses de la vie privée, quoiqu’elle veuille en faire croire.
Trident Media Guard & Thierry Lhermitte
L’acteur a investi dans une société privée qui cherche à profiter de la surveillance des internautes autorisée par les mesures de la loi Hadopi
Au commencement, Facebook était un réseau social fermé. Mais plus ça va, plus Facebook modifie sa politique de protection de la vie privée pour partager à tout va les données qui y sont postées… avec la collaboration active de ses utilisateurs, principal carburant de Facebook.
PagesJaunes dévoile, via sa filiale 123people, la vie privée des internautes à l’insu de leur plein gré. Pour faire valoir son droit à l’oubli… il faut lui envoyer, en clair, sur l’internet, la copie d’un titre d’identité.
Les services web de géolocalisation
Après Facebook et Twitter, voilà la nouvelle armada du Web 2.0 : Foursquare, Gowalla, Yelp, Plyce, Tellmewhere (Dismoioù en France) et autres Veniu.
La « vidéoprotection » imposée par la loi
Prix du flicage, Trophée du muselage, et Honneur à la police de la pensée
Rappel des médaillés aux Big Brother Awards d’avril 2009
Déjà la dixième édition en France des Big Brother Awards, décernés « aux institutions, sociétés ou personnes s’étant distinguées par leur mépris du droit fondamental à la vie privée ou par leur promotion de la surveillance et du contrôle des individus », depuis la première édition en l’an 2000. Et comme le reconnaissent ironiquement ses organisateurs, les candidats ne semblent pas près de manquer.
Dans la catégorie Etat et élus, le gagnant est le fichier RNCPS et le ministère du Budget d’Eric Woerth. Le RNCPS (Répertoire national commun de la protection sociale) est un projet de fichier unique des assurés sociaux, qui serait commun à une soixantaine d’organismes, rappelant fâcheusement feu le projet Safari des années 70, qui par contrecoup engendra la loi Informatique et Libertés et la Cnil. Parallèlement à ce renforcement de la traque aux fraudeurs sociaux, a souligné un des organisateurs de la cérémonie de samedi, « le démantèlement de la Direction de la répression des fraudes est en cours », la fraude économique étant moins prioritaire.
Le prix Orwell Localités est décerné au maire de Paris, Bertrand Delanoë, et à son ex-adjoint (en 2001-2008) en charge de la sécurité Christophe Caresche « pour avoir finalement succombé aux sirènes de la vidéosurveillance. Cette forme de surenchère avec le gouvernement pour s’acheter une moralité sécuritaire, laisse totalement de côté la question de son inefficacité et minimise les atteintes aux libertés ». En clair, un prix donné en raison du plan « 1000 caméras » accepté par la mairie, qui ne juge pas probants les nombreux rapports, britanniques notamment, sur l’inefficacité de ces caméras (voir la foultitude de documents répertoriés par Souriez vous êtes filmés, et la carte des emplacements envisagés pour les caméras, selon Le Parisien en octobre 2008).Le prix Orwell Entreprise est attribué à la Mutualité française. Grief qui lui vaut ce prix: « Avoir milité avec ardeur, aux côtés des assureurs privés de la FFSA, afin d’accéder à certaines données médicales détenues par la sécurité sociale. Leur lobbying forcené a porté ses fruits en 2008 », par un arrêté en date du 16 octobre 2008 qui « ouvre une brèche dans la confidentialité des données nominatives de santé ».Le prix Orwell Novlang est donné ex-aequo:- à la Caisse nationale d’allocations familiales et à sa méthode IGGACE, « pour avoir utilisé, pour former ses agents à la détection de la fraude, une « méthode » issue de recherches policières, qui utilise l’ »intelligence sémantique » pour débusquer « bien plus que le mensonge », à savoir « l’intentionnalité » du mensonge… »- et au projet européen de recherche Humabio, « projet de biométrie « multimodale » [qui] présente comme une « liberté » le fait d’utiliser des techniques d’identification basées sur le comportement (comme la démarche), alors que cela aura pour conséquences de pouvoir identifier une personne à son insu ».Dans la catégorie « mention spéciale », qui « distingue épisodiquement un candidat qui n’a pas obtenu le prix dans sa catégorie mais que le jury tient tout de même à récompenser », en termes moins policés présentée hier soir comme le prix « du bâton merdeux », double attribution:au député et porte-parole UMP Frédéric Lefebvre , « pour son incompétence et son insistance à vouloir contrôler internet par le biais du CSA, ses arguments iniques pour soutenir la loi Hadopi, pour vouloir traquer la délinquance dans les maternités, et bien d’autres choses… ». Un montage vidéo hier a rappelé les nombreux propos qui lui ont valu un fabuleux « buzz » dans la blogosphère, notamment son fameux passage du 15 décembre 2008 à l’Assemblée sur l’Internet « envahi par toutes les mafias du monde »: « Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? » etc.- et « au zélateur anonyme », alias divers fonctionnaires pour avoir « confondu sa fonction d’agent de l’Etat ou de services publics avec celle d’auxiliaire de police, dénonçant des personnes sur simples suspicions, trahissant leur secret professionnel et mettant en danger de la vie d’autrui. »
Le prix Orwell « Ensemble de son oeuvre » revient cette année à la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, « à une écrasante majorité du jury ». Distinction donnée « pour son goût immodéré des fichiers de police (+70% en 3 ans, dont Ardoise, Edvige, Cristina ou encore Gesterex), mais aussi pour sa « novlangue » avec sa promotion de la vidéosurveillance, ses invitations à la délation et son talent à fabriquer un « ennemi intérieur ». »Prix Voltaire de la vigilance citoyenne
- Contrepoints positifs à la noirceur des prix Orwell, les prix Voltaire ou prix de la vigilance citoyenne, pour ceux qui « en luttant et manifestant contre la surveillance arbitraire des individus, se sont engagés de façon exemplaire pour informer le public sur les dérives du traitement automatisé et de l’arme technologique », sont attribués:
- - à deux bénévoles de Calais, Mireille et Monique, « une mère de 11 enfants qui héberge des jeunes migrants chez elle au risque d’être poursuivie », et une femme qui « a été interpellée pour apporter une aide matérielle régulière aux sans papiers »,
- - au collectif Non à l’éducation biométrique de l’Hérault,
- - à l’appel des directeurs d’école contre Base-élèves,
- et au collectif Non à Edvige.
Voir aussi : http://reineroro.kazeo.com/A-VOIR-A-LIRE-A-ECOUTER,r216293.html