Lettre ouverte aux anticapitalistes pro-nucléaires

par Ludovic Fiaschi

Membre du Collectif de Résistance et d’Initiatives Populaire de Forcalquier

Camarades,

La gestion des risques

L’entreprise de banalisation du péril nucléaire, et la justification de la production atomique, après le cataclysme de Fukushima est irresponsable.

Un poncif préalable à tout débat, dans la bouche de l’expert détenant la science/connaissance – et par là le pouvoir dans une société techno-scientiste, s’énonce systématiquement sous ce trivial lieu commun : le risque zéro n’existe pas. Lieu commun incontournable dès lors qu’on aborde la question du nucléaire.

Énoncer un truisme n’a guère de conséquence. Par contre lorsque l’ «  expert », poursuit l’éloge des bienfaits de la science, il formule rapidement l’inacceptable : nous devons prendre et gérer ces risques. Pour étayer son pseudo raisonnement, il se lancera dans des comparaisons aussi indécentes qu’imbéciles tel que le nombre de morts sur les routes, les accidents industriels, dans les transports ferroviaires et aériens… Inacceptable. Chacun sait qu’un avion peut tomber et que cela ne remet pas en cause le transport aérien ni ne met pas en faillite une compagnie aérienne. Nous sommes là en présence d’un risque socialement accepté : on peut refuser de prendre sa voiture ou l’avion, refuser d’habiter en contre-bas d’un barrage ou sous une ligne à haute tension…

Mais que signifie prendre des risques face à la prolifération atomique?

La particularité de l’énergie nucléaire, c’est qu’elle a des conséquences planétaires sur le très, très, très long terme… l’éternité à l’échelle humaine. Il est impossible de faire face à une contamination sur tous le globe terrestre. A la question : pouvons nous prendre ces risques, la réponse ne peut-être que négative.

Car oui, il nous faut désormais prendre en compte l’inimaginable, l’impensable.

Le mythe de la maîtrise par la sophistication des technologies qui s’amélioreront sans cesse s’effondre avec la combustion du cœur des trois réacteurs de la centrale japonaise. Et aussi, avec les secousses sismiques qui continuent de faire trembler le Japon plus de trois mois après la catastrophe.

La prévention des catastrophes à venir ne peut plus reposer sur la perception et l’analyse de celles qui ont déjà eu lieu. Le nombre d’accidents ne peut qu’augmenter avec la complexification des systèmes, avec leur prolifération.

Seule la «  Res-Publica  », la chose publique doit trancher. Se prononcer sur le risque de catastrophe totale et globale comme modèle acceptable passe obligatoirement par la prise en considération du scénario du pire.

Le pire c’est déjà le quotidien des habitants de Fukushima.

Information, désinformation, lobbying/propagande

On constate aujourd’hui qu’en matière de contamination, les données des experts de l’IRSN sont aussi fiables que les paramètres économiques du FMI dans la gestion de la crise financière. Les sources sont mensongères.

(Tepco vient de reconnaître publiquement cette semaine, que les enceintes de confinement avaient été endommagées par les tremblements de terre alors qu’il n’évoquait jusqu’alors que le tsunami …).

Mais comment ne pas penser à la crise financière et à tous ces milliers de «   savants économistes  »  qui à grands coups d’analyses sophistiquées et de «  stress tests  »  ont accompagné sans rien voir, l’oligarchie capitaliste dans l’immense entreprise de pillage des richesses.

Dans ce débat sur le nucléaire, comment peut-on caricaturer les causes, rejeter les causes sur l’idéologie bourgeoise et porter secours à une filière atomique à l’agonie ?

En France, comme en Inde et en Chine, les données communiquées se constituent en appareil de propagande : désinformations, projections scientistes délirantes qui rappellent les pires campagnes d’asservissements à l’Empire. (Colonialisme, 14/18, guerre du golfe, crise financière….)

Collaboration de classe

La ligne rouge de la collaboration de classe et la soumission à l’hégémonie idéologique capitaliste est franchie.

Il s’agit d’une véritable fusion idéologique, une sorte de nouvelle «  Union sacrée  ».

Les grands lobbies capitalistes du nucléaire civil et militaire disposent à travers leurs salariés, concepteurs et ingénieurs, de leurs meilleurs défenseurs.

Quelles différences entre les démonstrations technico-idéologiques des nucléocrates qui s’affichent capitalistes et celles qui se veulent anticapitalistes ?

La situation à Fukushima est hors de contrôle. Pour l’instant, et pour l’instant seulement, nous avons échappé au pire… qui est toujours possible, malgré les milliers de tonnes d’eau déversées, eau radio-active qui s’échappe dans la nature. Le «   volcan nucléaire  » de Fukushima est en éruption, il crache sa radioactivité dans l’atmosphère, le sol, l’océan …

Pour combien de temps ? Des dizaines d’années ? Des centaines ?

Lénine a cru pouvoir dire :  «   le socialisme, c’est les soviets plus l’électricité  » mais au nom de «  l’électricité » et du capitalisme d’Etat productiviste, ses successeurs ont tué les soviets.

Cette filiation historique permet-elle d’affirmer que le nucléaire – progrès techno-scientifique dans les années 50- est au service de l‘humanité ? Une libre progression vers un bien supposé commun et universel ? Le développement de cette filière ergétique nous rapproche-t-il des conditions objectives permettant le passage au socialisme ?

Le socialisme serait-il l’autogestion plus le nucléaire, les gaz de schiste, les nécro-carburants ?…

La Doxa capitaliste nous vante le «   progrès  » permanent, il a vendu ce dogme » au sens religieux du terme à toute la sphère de la techno-science qui s’est mise, salaires et intérêts obligent, à son service.

Cette «  foi  » dans le «  progrès » a constitué un des piliers de la collaboration de classe. Elle est un des éléments constitutif de la capitulation de la «   gauche   » institutionnelle face au mode de production et de domination capitaliste.

Echec et impasse du «  communisme  »

Un des échecs historiques de la contre-révolution stalinienne et de la bureaucratie criminelle qui s’est installée au pouvoir est d’avoir choisi la voie d’un capitaliste d’Etat copiant jusqu’à l’absurde le mode de développement capitaliste productiviste, misant tout sur la techno-structure, ( la plus grande usine sidérurgique,le plus gros avion, la plus grosse pomme de terre, …) oubliant au passage l’ «  Homme Nouveau » en harmonie avec son environnement.

L’industrie nucléaire dans le sens où elle constitue une négation flagrante de tout rapport d’échange de matière, rationnel et harmonieux avec la nature est consubstantielle au capitalisme.

Marx hissa cette problématique sur le plan conceptuel en posant la nécessité générale d’une  » régulation rationnelle des «échanges de matiéres (ou métabolisme) entre l’humanité et la nature  ». 

Et Einstein s’est même posé la question de la nature «  anti-humanitaire  » de la recherche nucléaire …

Penser encore, aujourd’hui, la « science » échappant au modèle économique qui formate toutes les institutions qui la financent confine à l’absurde ! Elle constitue une des «  superstructures  »essentielles du capitalisme, remplaçant efficacement la religion.

Après tant de dérives dans la collaboration de classe et de falsifications de tous types, scientifiques, historiques, politiques, qui ont conduit à l’effondrement de la sociale démocratie et des pays de l’Est, comme à l’effondrement du mouvement ouvrier international porteur de  » l’hypothèse  communiste  », la gauche institutionnelle, va-t-elle manquer une nouvelle fois le  train de l’histoire dans cette crise systémique globale du capitalisme, dont la catastrophe de FUKUSHIMA constitue le point culminant !

L’accord historique entre le PCF et le pouvoir gaullien dans la cogestion d’EDF, sa soumission et sa collaboration à la mise en place du nucléaire militaire, d’abord, civil ensuite, crache encore ses dernières émanations putrides. C’est le fumier sur lequel se dresse encore les ergots de la nucléocratie.

Le « succès » planétaire du capitalisme est aussi la raison de son agonie. Il est allé trop loin dans le développement  des  forces productives  poussant ses contradictions à son comble et générant dans tous les domaines, le chaos.

Friedrich  Engels  a dit un jour : « La société bourgeoise est placée devant un dilemme : Ou bien passage au socialisme ou rechute dans la  barbarie. La barbarie capitaliste est bien visible à Fukushima, au Niger dans les mines d’uranium et partout où la misère et la violence qu’elle génère dominent les sociétés.

Mais ce sentiment mortifère et inhumain du capitalisme est aussi bien visible et palpable à Cadarache et sur le chantier d’Iter. La nécessaire anticipation, sa gestion et co-gestion de la  barbarie  capitaliste va voir renaître la cohorte des cyniques pour la justifier.

Pourtant, nous sommes condamnés à débattre cette question du nucléaire civil. Comme du nucléaire militaire qu’il ne faut pas oublier. (31 000 ogives atomiques en 1967, encore 5000 en 2009 rien qu’aux USA !).

La confrontation se fait à partir de groupes non sectaires où chacun va et vient, pense et dé-pense à sa guise, autour d’une tradition historique, d’une idée majeure, d’un événement, de quelqu’un, d’un livre, d’un lieu.

Mais il faut être enfermé dans sa caste , obnubilé par sa propre pédanterie scientifico-réductionniste, (datée historiquement et en état de délabrement avancée), pour imaginer que les autres, les anti, ne forment qu’un bloc ignare.

L’écosocialisme, ce n’est pas une nouvelle étiquette sur une vieille bouteille, c’est l’avenir à construire contre les ploutocrates, expertocrates et nucléocrates.

Pour sortir du nucléaire, il faut sortir du capitalisme.

Vive l’écosocialisme !

Ludovic Fiaschi

Et pour ceux qui veulent en savoir plus

Une synthèse du belge Daniel Tanuro : Les fondements d’une stratégie écosocialiste

Un premier bilan de Tchernobyl par une équipe de médecins de l’ex URSS

Tchernobyl en France : Le mensonge …

La contamination en provenance de Fukushima aux USA

OMS AIEA L’OMERTA

OMS L’ACCORD INCESTUEUX DE 1959

La déclaration solennelle d’un responsable du nucléaire américain Arnie Gundersen

Le «  J’accuse  » d’ex-cadres du nucléaire japonais

Le coût réel du nucléaire

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