Grèce – La dette odieuse
Reprise d’un article La Grèce de Charybde en Scylla par Effy Tselikas (Athènes) paru le 8 juin http://fr.myeurop.info/2011/06/08/la-grece-de-charybde-en-scylla-2671 » Depuis la grande manifestation de dimanche, les Athéniens sont de plus en plus nombreux place Syntagma. En attendant la grève générale dans une semaine, les Grecs vident leurs comptes en banque. Dans un contexte très tendu, les responsables politiques sont systématiquement et violemment expulsés des réunions publiques.
Ce climat social tendu se retrouve dans l’hémicycle parlementaire, où nombre de députés de la majorité commencent à prendre des distances avec le Premier ministre. Avec le risque de bloquer le vote du budget 2012-2015 et de déstabiliser un peu plus l’équilibre politique largement fragilisé ces derniers temps. Mais au-delà de ces réactions classiques, trois épiphénomènes devraient alerter les observateurs de la situation grecque:•La panique de nombreux Grecs qui retirent leur argent de leurs comptes bancaires. Près d’un 1,5 milliards d’euros ont été prélevés en 48 heures la semaine dernière. Au total, 47 milliards auraient ainsi été retirés en seulement 18 mois.
•L’agressivité montante envers tout responsable politique. Il ne se passe pas de jour sans qu’un ministre ou un député, du parti au gouvernement ou de l’opposition conservatrice, ne se fasse expulser d’une cérémonie ou réunion publique, à coup de yaourts ou de pierres. Dernier épisode en date: une vénérable commission de 60 experts de l’Union européenne a fait les frais de la vindicte populaire dans l’île de Corfou. Venus « séminariser » sur le thème de l’émigration, ils ont été obligés de fuir par voie de mer sous les quolibets et les injures alors qu’ils dinaient au restaurant ultra-chic du yacht- club de l’île, avec son splendide dressing-room au bord de l’eau.
•Le rejet de la communication gouvernementale, de plus en plus proche de la propagande. Un spot, célébrant, sur fond de musique martiale, les 20 mois de réussite tous azimuts de son action a été diffusé ces jours-ci. Devant les réactions très négatives face à ce déni de réalité, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’accuser les journalistes d’irresponsabilité en expliquant, menace à peine voilée, que l’effondrement du pays entrainerait leur propre effondrement. »
Extraits de l’article La grèce à la rue par EffyTselikas (Athènes) paru le 15 juin
http://fr.myeurop.info/2011/06/08/la-grece-de-charybde-en-scylla-2671
» Mais quand on lui a demandé de vendre son eau, son électricité, ses ports et ses aéroports, alors cela a été la goutte qui a fait déborder le vase : « Nous ne devons rien, nous ne payons rien, nous ne vendons rien », c’est ce leitmotiv de la journée. Beaucoup des sentiments qui agitent la population se lisaient sur les différentes banderoles : la détermination :« La grève jusqu’à la victoire finale » ou « On ne partira pas tant qu’eux ne partiront pas ? Eux, la Troïka, le gouvernement, la dette ». L’exaspération contre le système clientéliste: « Députés corrompus, on vous trouvera où vous irez ».Le ras-le bol aussi: « La dictature ne s’est pas terminée en 1973. Nous allons procéder à son enterrement sur cette place aujourd’hui », allant parfois jusqu’à une analyse politique : « Démocratie et capitalisme, 2 notions antinomiques« , mais aussi vers des métaphores plus nature : « On ne va pas vous supplier de partir. On vous baisera pour vous faire partir ». »
