Des paysans italiens passent à la clandestinité

La campagne « Authentiquement clandestin » lancée à Naples remet au gout du jour les révoltes paysannes en Italie. De la nostalgie médiévale ? Non, grâce à des marchés illégaux qui court-circuitent les intermédiaires de la distribution, ces nouveaux paysans veulent retrouver à la fois les saveurs et leur liberté.Il y a l’éleveur de Mondragone qui aime travailler au son de la Tamorra (gros tambour), le cultivateur de noix qui produit du « Naturella » (cousin germain naturel du Nutella). Il y a aussi ce paysan de la région du Latium qui affirme: Je n’ai jamais fait de choix agricoles en me demandant ce qui rapporte le plus. J’ai toujours pensé en priorité à ce que j’aime faire.Tous ces paysans qu’a rencontré le réalisateur et activiste Nicola Angrisano [voir la vidéo] représentent des dizaines de cultivateurs, éleveurs, artisans qui se sont unis pour lutter contre les logiques économiques et les règles du marché de l’agro-industrie, pour défendre le libre traitement des produits, l’agriculture paysanne, l’immense patrimoine des savoirs et saveurs de la terre.De cet engagement est née la campagne « Authentiquement clandestin » (Genuino Clandestino en version originale) avec des femmes et des hommes de toute l’Italie qui s’organisent en nouvelles formes de résistance paysanne.

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Mot d’ordre : auto-organisationLe point de départ de leur réflexion est simple: La bureaucratie empêche de rentrer sur le marché des milliers de petits producteurs, le consommateur continue de subir, souvent sans le savoir, des modèles de productions industriels.En réponse, les trois organisations locales qui ont lancé la campagne, Ragnatela autoproduzioni de Naples, Terraterra de Roma et CampiAperti de Bologne organisent leurs propres marchés illégaux. Angrisano explique:les normes hygiéniques et sanitaires imposent aux petites exploitationd de se doter de laboratoires spécialisés avec des standards pensés pour les grandes industries agro-alimentaires, qui traitent des grandes quantités de produits et utilisent beaucoup de main d’œuvre. Cela ne peut pas fonctionner avec des entités qui ont peu de moyens, ont des petites productions et des activités qui n’impliquent souvent qu’un seul travailleur, le propriétaire. Seule solution à cette imposition ? L’illégalité.A travers Internet et le bouche à oreille, ces organisations ont ainsi créé un réseau national qui répond à leurs exigences, en choisissant de travailler librement leurs produits et en court-circuitant les intermédiaires comme la grande distribution.Depuis quelques années les marchés de ces paysans « résistants » se sont multipliés à Bologne, Rome et Naples…Leur « non logo » est celui de l’ »authentiquement clandestin » qui laisse place à l’auto-certification des produits sans passer par les certifications étatiques trop chères et contraignantes pour les petites exploitations. Problème mondial, solutions localesLes valeurs que défendent ces nouveaux paysans en colère: « Démocratie de la nourriture, développement économique, sauvegarde de l’environnement et accès à la terre », parce que ces dernières années, les questions liées à la terre sont revenues au centre de nos préoccupations. Si les « dépenses de l’UE sont constituées à presque 40 % de soutien à l’agriculture », ces aides vont en priorité aux industries agroalimentaires et à « enrayer des crises alimentaires, vraies ou fausses », continuent les promoteurs de la campagne.Ces paysans clandestins cherchent donc à proposer des solutions à un problème qui se pose au niveau mondial, comme l’explique Andrea Segrè, Président de la Faculté agraire de l’Université de Bologne interviewé par Agrisano dans son documentaire:le système fonctionne mal (…) nous ne réussissons pas à nourrir les 2/3 de la population mondiale, alors que potentiellement nous pourrions nourrir le double.

Pas d’’appellation « biologique » ou « contrôlée » pour les salades, patates, tomates et pots de miel vendus par ces nouveaux paysans clandestins. Les marchés sont toujours plus nombreux dans les principales villes italiennes et prouvent que ces réseaux de distributions, marchés ou « paniers fraicheurs » des groupes d’achat solidaires ont un bel avenir économique devant eux.

http://fr.myeurop.info/2011/07/25/des-paysans-italiens-passent-a-la-clandestinite-3059

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